Jane Bustin
“Un petit pan de jaune”

October - November 2021

ENG

A collection of tea bowls and artworks.
A letter to Marcel Proust, a celebration of and a study on yellow/jaune and on beauty that is sufficient in itself

From Jane Bustin to Marcel Proust:

Dear Marcel,

… in Paris the only difference between jane and jaune is u –

« Un petit pan de mur jaune » – a little patch of yellow wall … like some priceless specimen of Chinese art of a beauty that was sufficient in itself. A beauty that was sufficient in itself, you mean, not a beauty for a purpose,any ‘one’ else, any ‘thing’ else, but just itself, to remind us of qualities that cannot be rationalised, a sensation that is outside of purpose, usefulness.

Slowly we begin to value the metaphysical, just like the clarity of the sound of a glass bell, it removes us from our physical surroundings and connects us to the stars.Yellow in English … yell – ow… it screeches, demands, warns us of danger, shouts.

Yet in French jaune – it soothes, strokes, bathes us in a warm light and heats our very centre
We hear yellow, we feel jaune.
Huángsè … hwan-sur… and in Chinese it combines the first syllable ‘hwan’ acts like a greeting, capturing our attention like ‘hey’, but then the second syllable ‘sur’, purrs and gathers us in, providing comfort.

Just for you Marcel as you stared at Vermeer’s view of Delft, the little yellow patch, after the initial strike of beauty came the sense of loss, of uncaptured moments, of not having seen the light, of being content with just the middle comfortable glow.
Yellow alerts us to aspire, jaune settles on pleasure.
You made your physical space, your bedroom, as close to your mental space as you possibly could – lining the walls with cork, muffling the sounds of the outside world, leaving the words in your head centre stage.

Avoiding daylight left you to live in a world of half-light, where yellow just crept through the cracks at the bottom of the door, or the glow of the street lamp and luminosity of the candle, an interior world, womb like, navigating the world not through sight, but feeling.

Yours sincerely

Jaune


FR

Une réflexion sur la beauté qui se suffit à elle-même, une célébration de la couleur jaune, un hommage à Marcel Proust.
De Jane Bustin à Marcel Proust :

Cher Marcel,

… à Paris la seule différence entre jane et jaune est le u

« Un petit pan de mur jaune » … « comme une précieuse œuvre d’art chinoise, d’une beauté qui se suffirait à elle-même »

une beauté qui se suffirait à elle-même, c’est-à-dire non pas une beauté ayant un but, pour quelqu’un, pour quelque chose, juste elle-même, pour nous rappeler des qualités qui ne peuvent être définies par la raison, une sensation qui est en dehors de la finalité, de l’utilité.

Petit à petit, nous commençons à apprécier ce qui est métaphysique, comme la clarté du son d’une cloche de verre, il nous extrait de notre environnement physique et nous relie aux étoiles.

Yellow en anglais … yell – ow. Yellow est strident, il réclame, nous met en garde contre le danger, hurle. Tandis qu’en français, jaune apaise, caresse, nous baigne d’une lumière dorée, nous réchauffe jusqu’à notre cœur même. Nous entendons yellow, nous sentons jaune.

Huángsè … hwan-sur… et en chinois il combine
la première syllabe “hwan” est comme une salutation, elle attire notre attention, hé ! mais ensuite la seconde syllabe, « sur » ronronne, nous borde, nous réconforte.
Comme pour toi Marcel, lorsque tu regardais la vue de Delft peinte par Vermeer, le petit pan de mur jaune, après le premier éclat de la beauté vient le sentiment de perte, des instants qui n’ont pas été saisis, de la lumière que l’on n’a pas vue, de s’être contenté d’une lueur moyenne et peu exigeante.

Yellow nous appelle à aspirer, jaune opte pour le plaisir.

Tu as façonné un espace physique, ta chambre, aussi proche que possible de ton espace mental, tapissant les murs de liège, assourdissant les bruits du monde extérieur, ne laissant que les mots au centre de ton esprit.

En évitant la lumière du jour, tu en étais réduit à vivre dans la pénombre, où le jaune ne pouvait passer qu’à travers les fissures des portes, ou la lueur des réverbères de la rue et la luminosité de la bougie, un monde intérieur, semblable au ventre maternel, où la boussole n’était pas la vue, mais le sentiment.

Bien à toi,

Jaune