Frédéric Mulatier est un vannier et céramiste installé dans le sud de l’Ardèche (France).
Après avoir dirigé une société d’informatique en Suisse, Frédéric Mulatier décide de prendre un nouveau chemin. Il suit la formation de l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie (ENOV). Il fréquente quelques ateliers artisanaux avant de se lancer en solo en Ardèche en 2009, avec l’idée d’associer à la fibre végétale (osier, rotin et roseau) d’autres matières, comme le bois, le cuir, le métal et la terre : les matières se croisent et s’embrassent.
Pour Frédéric, le mariage de la terre et des sels métalliques avec l’osier tressé s’impose naturellement, comme un pont conjuguant le passé et l’avenir. C’est un véritable dialogue entre la terre et la vannerie : la terre nourricière est tutrice de l’osier, et l’osier tressé devient à son tour le tuteur de la terre.
Après le tressage de la fibre végétale, l’argile crue est enduite par couches successives, puis sont posés les engobes d’oxydes. Après polissage, la structure est cuite au feu de bois. Par le jeu des ossatures, les pièces uniques, utilitaires et sculpturales font écho à la Nature et au Temps.
L’œuvre de Frédéric Mulatier est exposée en France (Lyon, Paris), en Suisse, au Japon, en Belgique ou encore en Angleterre.
Zoom sur la sculpture en osier et terre cuite de Frédéric Mulatier, présentée à la galerie Le sentiment des choses à Paris, en juin 2023
« Certains céramistes présentent des gestes suspendus, des instants d’éternité, des éclaboussures d’émaux. D’autres présentent des œuvres méditatives, intemporelles, minimalistes dans leur symétrie.
Ici, rien de tout cela. Ici, on remonte le temps, vers les gestes des hommes premiers découvrant qu’un panier en osier recouvert d’argile et tombé dans le feu devenait un pot capable de passer l’épreuve des ans et de remplir des fonctions utilitaires ou rituelles.
L’artiste nous donne à voir une « mémoire archéologique » des techniques ancestrales, en mariant vannerie et argile. (…) Il nous donne à voir comment la terre retient la trace, l’âme de ces paniers qui disparaissent au feu en marquant la terre.
Les pots sont scarifiés, troués, estampés, pour rappeler que le temps n’est pas un long fleuve tranquille. L’empreinte des jours. »
Pascal Grojean, juin 2023
© Portrait : Patrick Leclerc